La Défense allemande demande à la Russie de rendre public les informations sur ses troupes. Que doit faire Moscou ?
© AFP 2016 CHRISTOF STACHE
Selon Sputniknews, Gernot Erler, le coordinateur du gouvernement fédéral de l’Allemagne pour la coopération sociétale avec la Russie, l’Asie centrale et les pays du partenariat oriental, a souhaité jeudi 23 Juin que Moscou et l’Occident doivent mettre fin à la confrontation.
Or dans cette affaire, depuis le début, Moscou a toujours montré qu’elle ne voulait pas la guerre, mais plutôt la paix en tenant compte de ses intérêts fondamentaux et ceux de ses alliés, en particulier ceux concernant sa sécurité intérieure et extérieure..
Au lieu que la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, appelle la Russie de rendre public les informations sur tous les mouvements de ses troupes et de préciser leur nombre, elle ferait mieux d’inciter l’OTAN à cesser de jouer ses tambours de guerre, avec son bouclier antimissile décrié depuis fort longtemps par la Russie, son transfert d’armes, de munitions et d’équipements massif en Europe et des troupes à la frontière russe, ainsi que des provocations en opérant des entrainements juste à la porte de la Russie. Cela d’autant plus que l’Allemagne fait partie des pays belligérants , puisqu’elle est membre de l’OTAN.
Si c’est la Russie qui avait commencé à jouer à ce jeu dangereux, alors la demande aurait été comprise et aurait une autre tonalité et un sens. Or c’est une grande coalition d’États qui est à la base des tensions observées actuellement. Moscou n’ayant mobilisé autour d’elle aucune coalition en réponse à ces provocations. Que diraient les États-Unis si Moscou réussissait à convaincre le Mexique, Cuba, le Venezuela ou tout autre pays d’Amérique d’effectuer souvent des exercices militaires juste aux portes des États-Unis ?
Si Moscou se mettait à dévoiler le positionnement et le nombre de ses troupes, l’OTAN en profiterait pour les attaquer inopinément, comptant sur l’effet de surprise pour anéantir et vaincre l’adversaire. Car le comportement de l’OTAN est devenu imprévisible et les leaders sont tout autant autistes vis-à-vis des protestations des autorités de Moscou.
Il serait plutôt sage que l’OTAN et l’ensemble de ses membres démontrent leur volonté réelle de discuter et d’aller vers une paix sereine pour tous. La Russie ne demanderait pas à l’Otan d’informer publiquement sur les mouvements de ses troupes et de leur nombre, mais plutôt des gages certains de la volonté des pays membres de l’OTAN de vouloir une paix réelle.
C’est la seule façon de rétablir petit-à-petit la confiance entre la Russie et l’OTAN. L’OTAN ne peut pas être une alliance exclusivement défensive comme le dit Build am Sonntag et se pavaner aux portes de la Russie en faisant des exercices militaires tant à l’est de l’Europe qu’en mer noire du Côté de l’Ukraine belliqueuse. Cette façon de présenter les choses est une autre manière d’engager le débat sur une voie erronée imbue de malignité et de ruse.
Certes, il est vrai que le souhait global de toutes les parties serait l’amélioration des relations avec la Russie, mais à la seule condition que les doutes sur les tergiversations de l’OTAN soient tous levés. Or, Moscou est le pays qui se plie plus aux règles internationales. La Russie n’a pas par exemple attaqué un autre pays en contournant les règles de l’ONU ou ne mène pas des exercices aux frontières d’autres États pour les menacer et montrer l’état de sa force musculaire, contrairement à d’autres. Elle ne fait que réagir aux comportements des autres quand ses intérêts sont menacés en prenant des contremesures dissuasives.
Si l’OTAN ou les États-Unis pays leader sont fermés au dialogue, que peut Moscou ? Elle a par exemple indiqué que les boucliers antimissiles réduisaient l’efficacité de sa dissuasion, l’a-t-on écouté ? Non, au contraire Washington a fait comme si la Russie parlait dans le vide et à personne. Au contraire le comportement des États-Unis a démontré que Moscou avait raison de s’inquiéter depuis le début de cette affaire. Il semble apparaître qu’il existe d’autres raisons cachées, non encore complétement dévoilées qui motivent les agissements des autorités états-uniennes.
D’ailleurs il y a quelques jours, le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, a critiqué la tenue des exercices militaires de l’Otan à la frontière russe. Cette prise de position de M. Steinmeier lui a valu une flopée de critiques de la part des hommes politiques occidentaux et de la presse aux ordres.
La Russie n’a agressé aucun pays, c’est la stricte vérité. Pendant les premières et seconde guerre mondiales, la Russie n’avait pas pris immédiatement des contremesures et avait fait confiance aux traités de paix signés avec ses partenaires,. Résultat, elle avait failli être occupée et sans doute anéantie, n’eût été la réponse foudroyante de son armée, qui n’avait rien divulgué d’avance sur son état et ses positions réelles. Actuellement, elle réagit simplement aux nombreuses provocations, afin de réduire au maximum le risque de la surprise à ses frontières.
Jean de Dieu MOSSINGUE
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