La famille Sassou Nguesso a une fois de plus, maille à partir avec la Justice. Et cette fois-ci, c’est la Justice américaine qui lui demande des comptes par le truchement de la Première Dame, Antoinette Sassou Nguesso. En effet, Dame Sassou a vu son séjour aux États-Unis d’Amérique perturbé par la volonté d’un Cabinet d’avocats, de récolter des données concernant les sources de revenus et les biens du clan aux États-Unis. Cette action intervient dans le cadre de l’exécution d’une décision judiciaire américaine, ordonnant à l’État congolais de lui livrer la liste de ses biens et actifs à l’étranger, suite à la plainte d’un homme d’affaires anglo-libanais, Mohsen Hojeij. Celui-ci entend recouvrer une vielle créance qui date du début des années 90 et qui tire ses sources de travaux exécutés pour le Congo et restés impayés. Elle s’élèverait à environ 1 milliard d’Euros de nos jours. Certes, la Première Dame congolaise n’entend pas répondre à la convocation. Mais cette énième affaire judiciaire n’en est pas pour autant close. La Justice américaine, comme on le sait, est teigneuse. Le pool d’avocats qui travaille pour le compte de Mohsen Hojeij, ne va certainement pas en rester là.
Cette affaire vient souiller encore un peu plus l’image de la famille Sassou
Ce sont de beaux ennuis en perspective pour le clan Sassou Nguesso. Déjà en proie à des problèmes avec l’affaire des « biens mal acquis », il devra faire face à ce nouveau souci. C’est le clan présidentiel qui est visé. Si, relativement à une dette de l’État congolais, l’épouse du président congolais est mise en demeure de donner des éléments de réponse sur les ressources de son mari et de bien d’autres membres influents de sa famille et du clan présidentiel, ce n’est pas anodin. La Justice américaine connaît la confusion qu’il y a entre les ressources de l’État congolais et les patrimoines de ses dirigeants. D’ailleurs, cet ennui judiciaire de Antoinette Sassou et de l’ensemble du clan présidentiel congolais, vient confirmer la mauvaise gestion de la chose publique par ce régime, déjà évoquée dans l’affaire des « biens mal acquis ». Cette affaire vient souiller encore un peu plus l’image de la famille Sassou. Cela tombe mal pour le président, lui qui vient d’opérer un passage en force pour se maintenir au pouvoir. On comprend cette volonté de s’accrocher à tout prix au pouvoir. Le refus de la Première Dame de répondre à la convocation également n’étonne guère. De façon générale, quand on ne se reproche rien et qu’on est convoqué dans le cadre d’une affaire judiciaire, on ne se réfugie pas sous un quelconque parapluie diplomatique. On saisit l’occasion pour montrer patte blanche et pour de bon clouer le bec aux détracteurs. Mais quand on se débine, c’est qu’on veut cacher quelque chose, qu’on n’a pas intérêt à ce que tout se sache. Du moins, c’est l’impression qu’on renvoie à l’opinion. Du reste et comme le dit l’adage, « il n’y a pas de fumée sans feu ». Le président Sassou Nguesso est passé maître dans l’art de faire des dépenses faramineuses avec les ressources publiques de son pays. Bien des fois, il s’est déplacé avec des effectifs pléthoriques et s’est livré à des dépenses somptuaires.
Les Sassou sont conscients que leurs actes les rattraperont si jamais ils lâchent le pouvoir
Les dirigeants de la trempe de Denis Sassou Nguesso n’hésitent pas à confondre leur patrimoine avec celui de leur pays. On connaît également la propension des Premières Dames africaines à vivre dans le luxe, à faire des dépenses faramineuses et démesurées. Les Sassou dirigent, faut-il le rappeler, le Congo d’une main de fer depuis plus de deux décennies. Cette dette qu’ils traînent depuis une trentaine d’années est la preuve du peu d’égards que ces gens ont pour le bien public. Les ressources de l’État sont dilapidées par des délinquants à col blanc appartenant au clan présidentiel. « L’État congolais et les 40 voleurs », c’est l’image qui sied le mieux à la gouvernance qui prévaut au Congo Brazza. Et le drame, bien des Congolais semblent se résigner, acceptent la dictature qui a cours dans leur pays, comme un sort implacable. En tout état de cause, cette énième affaire qui, probablement, n’est que la partie visible d’un iceberg géant, confirme, si besoin en était encore, que la famille présidentielle congolaise traîne trop de casseroles au cours de son long règne. C’est certainement pour cela que les Sassou ne veulent pas entendre parler d’alternance. Ils sont conscients que leurs actes les rattraperont si jamais ils lâchent le pouvoir. Pour eux, partir c’est s’exposer. Cette peur du lendemain est un aveu de culpabilité. Cela est fort déplorable car chaque dirigeant devait, en accédant au pouvoir, faire du principe de reddition des comptes, un principe cardinal de sa gestion. A défaut, son peuple devrait se faire le devoir de l’y contraindre. La Justice américaine, comme la Justice française avant elle dans l’affaire des « biens mal acquis », aura eu le mérite de donner un coup de pied dans la fourmilière. Le président Sassou lui-même, sait à quel point la procédure judiciaire aux États-Unis d’Amérique est sérieuse. Elle ira certainement à son terme. Aux Congolais de leur côté, de se réveiller et de jouer à fond leur partition.
Source: « Le Pays »