Pourquoi le gouvernement français a-t-il ordonné la destruction des images vidéo du Massacre de Nice?
© REUTERS/ Eric Gaillard
L’exécutif anti-terroriste de France (sous-direction anti-terroriste- SDAT) a ordonné aux autorités de la municipalité de Nice de détruire toutes les images CCTV des attaques de Nice sur Bastille Day qui ont secoué la ville le 14 Juillet, 2016. Philippe Blanchetier, avocat de la commune de Nice, a parlé à Sputnik dans une interview à propos de cette situation.
L’explication de cet ordre a été donnée par le ministère français de la Justice en disant qu’ils ne veulent pas une « distribution non autorisée et «incontrôlée» des images des attaques terroristes ».
La police judiciaire a noté que 140 vidéos des attaques en leur possession exposent « des pièces importantes de l’enquête« .
Selon SDAT, en détruisant les images CCTV, la dignité des victimes ne sera pas insultée et les djihadistes ne seront pas en mesure d’utiliser les images à des fins de propagande.
La municipalité de Nice a refusé de se conformer à cette exigence et a l’intention de demander au procureur d’imposer la séquestration de la séquence vidéo.
Philippe Blanchetier, avocat de la commune de Nice, a expliqué à Sputnik quelles raisons sont derrière cette décision.
« Dans ce cas, il y a un problème; il y a une enquête antiterroriste en cours pour déterminer l’identité des auteurs de l’attaque, l’identité des éventuels complices et la mise en place des ressources humaines et matérielles, qu’il aurait pu utiliser pour mener à bien cet acte horrible « .
Il a en outre déclaré que les victimes ou les familles des victimes ont soit directement ou par l’intermédiaire des organisations non gouvernementales exprimé leur désir et leur intention de lancer une action pénale ou civile contre l’Etat et éventuellement contre les autorités locales de Nice.
« L’administration de la ville de Nice, qui ne va pas hésiter à établir la vérité, veut la totalité de la source d’information pour être sauvée afin que les victimes soient en mesure d’utiliser tous les moyens légaux qu’ils jugent nécessaires », a déclaré Blanchetier.
L’avocat a ajouté que l’explication qui est présentée est une fuite exagérée du métrage.
« Il convient de noter que la seule qui a accès à ces documents, est la police et les membres du centre de surveillance urbaine, ceux qui sont soigneusement sélectionnés. Il n’y a donc aucun risque de fuite « .
Il a ajouté que, en tout cas, ce ne sont pas, comme on dit dans la presse. Ils disent que l’enregistrement va tomber dans les mains des djihadistes, qui l’utilisent à des fins de propagande, mais qui est une mauvaise explication, selon l’avocat.
Il y a deux enquêtes en cours complètement différentes. La première est par le département anti-terrorisme qui tente d’établir l’identité de la personne ayant commis l’acte terroriste et ses éventuels complices.
« Cette procédure n’est rien comparée à celle que les victimes peuvent commencer si elles exigent de porter la responsabilité à l’État et au gouvernement local », a déclaré Blanchetier.
«Ce sera une procédure pour poursuivre plutôt que de procéder à l’identification de ceux qui ont commis cet acte terrible», a conclu l’avocat.
Les autorités de Nice interrogées par Le Figaro ont dit plus tôt que jamais on a demandé de détruire des preuves sur une scène de crime, c’est la première fois et selon eux, c’est illégal.
La section des commentaires de l’article du Figaro était plein de commentaires d’indignation et de dégoût par le fait que le gouvernement français, au lieu de préserver la preuve aux fins de, une enquête approfondie et indépendante, est en fait entrain d’ordonner la destruction des éléments essentiels de preuve.
Dans son article pour le portail en ligne Global Research, Gearóid Ó Colmáin, un journaliste irlandais basé à Paris a déclaré dès lors que les autorités de police judiciaire et anti-terroristes de la France veuillent détruire les preuves des attaques, il semble qu’ils essaient de dissimuler quelque chose.
« Dans la plupart des cas de crime, ceux qui détruisent ou cherchent à détruire les preuves sont généralement entrain de tenter de dissimuler quelque chose. Je l’ai déjà souligné certaines des incohérences dans le récit qu’on nous a dit à propos du massacre de Nice. Je n’ai pas demandé que rien ne s’est passé ou personne n’a été tué, mais plutôt que la preuve vidéo jusqu’à présent présentée ne correspond pas au scénario », a déclaré Colmáin.
Mais il semble que les populations Françaises sont entrain de commencer à comprendre et expriment enfin leur doute envers les décisions de certains gouvernements.
Un article paru dans le journal l’Est Républicain de la France tente de calmer le public français de la « vraie » intention du gouvernement en publiant un article avec le titre « Non, les images de l’attaque n’ont pas été supprimées », a rapporté Global Research.
Le rapport proclame que le ministère de la Justice n’a pas ordonné l’effacement de la preuve, mais simplement la suppression des images des caméras à Nice.
« Cette réassurance pourrait être suffisant pour apaiser ceux qui sont réticents à remettre en question le récit de la guerre contre le terrorisme. Mais, comme les huées récentes du Premier ministre français Manuel Valls à Nice l’ont montré, les Français se réveillent », a noté Colmáin.
Le 14 Juillet, un camion a percuté une grande foule pour célébrer la Journée de Bastille dans la ville de Nice. Au moins 84 personnes, dont des enfants, ont été tués et des centaines d’autres ont été blessées. Le groupe terroriste Daesh a revendiqué la responsabilité de l’attaque.
Traduction : Jean de Dieu MOSSINGUE
Source : Sputniknews
Attentat de Nice : «la responsabilité première c’est bien celle de l’Etat»
Source: Reuters
Après avoir déposé un rapport début juillet concernant les mesures à mettre en œuvre pour éviter de nouveaux attentants, le député Les Républicains Georges Fenech réagit au drame survenu à Nice au soir du 14 juillet.
RT France : Selon vous, qui porte la responsabilité de ce qui s’est passé à Nice ?
Georges Fenech (G.F.) : Il appartient à la préfecture des Alpes-Maritimes, qui dépend du ministère de l’Intérieur, d’organiser la sécurité d’une telle manifestation. La force municipale ne vient qu’en appoint de la police nationale. Donc la responsabilité première c’est bien celle de l’Etat et de la police nationale, de mon point de vue.
RT France : Pensez-vous que toutes les mesures de sécurité ont été prises pour assurer la sécurité des citoyens lors des festivités à Nice ?
G.F. : Je pense que 84 morts et des centaines de blessés constituent la réponse à votre question. Toutes les mesures de sécurité n’ont évidemment pas été prises à leur maximum comme il se devait. Nous étions en état d’urgence, nous sortions d’une grosse manifestation, l’Euro. Des dispositions draconiennes avaient été prises avec succès. Et là il y a eu manifestement un relâchement. Rappelez-vous que le jour même, le chef de l’Etat a annoncé son intention de lever l’état d’urgence, il y a eu un manque de vigilance de mon point de vue, qui a amené un système de sécurité défaillant, tout du moins insuffisant compte tenu de la menace qui pèse sur notre pays.
RT France : Vous avez dit dans une interview que c’était une tragédie «prévisible». Etait-ce concrètement possible d’empêcher que cet attentat ne survienne ?
G.F. : Sans vouloir entrer dans une quelconque polémique, nous sommes dans une démocratie, nous avons le droit de poser toutes les questions : comment se fait-il qu’un 19 tonnes puisse accéder à une voie piétonne où sont présentes 30 000 personnes sans rencontrer le moindre obstacle ? C’est la question à laquelle devra répondre le ministre de l’Intérieur.
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RT France : A propos de l’enquête qui se déroule actuellement suite au drame, pensez-vous que des sanctions seront prises à l’encontre de ceux à l’origine des défaillances que vous avez évoquées ?
G.F. : Ce que je constate c’est que depuis le mois de janvier 2015, c’est-à-dire depuis Charlie Hebdo et l’hyper Casher, le Bataclan, maintenant Nice, il n’y a eu aucune sanction de quelque nature que ce soit, aucune remise en cause politique, aucune mutation d’un haut fonctionnaire… J’ai le sentiment que la notion de responsabilité a disparu de notre pays.
Je ne sais pas si à Nice des sanctions seront prises, en tout cas je me félicité tout de même qu’il y ait des enquêtes qui soient ordonnées. J’ai davantage confiance aux enquêtes judiciaires, plus indépendantes que celles du ministère de l’Intérieur. Donc je pense que tôt ou tard, la justice sera saisie. Ce sera à elle de déterminer s’il y a des responsabilités, notamment pénales, pour homicide par imprudence, par négligence, non-respect des règlements… Ce sera à la justice de répondre.
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RT France : Après l’attentat de Nice, le Premier ministre Manuel Valls a déclaré que les Français devraient «s’habituer à vivre avec la menace terroriste». Comment peut-on réagir à une telle déclaration ? Les Français doivent-ils se résoudre à vivre dans ces conditions ?
G.F. : J’ai déjà eu l’occasion de critiquer cette formulation du Premier ministre qui ressemble tout de même à une forme de renoncement, de résignation par rapport au terrorisme islamiste. Je pense que le seul discours, au lieu d’être compassionnel voire jouer les Cassandre, c’est le discours du gouvernement aujourd’hui, c’est un discours de fermeté que le pays attend et d’action absolument implacable contre cette forme de terrorisme.
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RT France : Quelles sont les mesures à prendre pour éviter qu’une telle tragédie ne se reproduise ?
G.F. : Il y a énormément de choses à faire. C’est les 40 propositions que nous avons formulées. Il faut restructurer nos services de renseignement, un meilleur partage de l’information, une simplification de ses instruments et bien évidemment une meilleure coordination au niveau du chef de l’Etat, créer une sorte d’agence nationale de lutte contre le terrorisme sur le modèle américain après le 11 septembre. Il faut bien évidemment renforcer la politique pénale qui est trop faible et trop généreuse à l’égard des délinquants, notamment au niveau des aménagements de peine. Il faut aussi construire un parc pénitentiaire à la hauteur des besoins. Aujourd’hui nous sommes dans l’incapacité d’assurer une véritable sécurité dans les prisons. Nous devons également assurer l’absence de tout prosélytisme, toute contamination de la radicalisation en prison.
Il faut évidemment renforcer le système de coopération européen au niveau du renseignement, qui en est aujourd’hui aux balbutiements. Il faut véritablement fermer les frontières européennes à l’immigration clandestine par laquelle s’infiltrent souvent des djihadistes – deux djihadistes du stade de Saint-Denis avaient des faux passeports syriens – donc ce sont les principales mesures à mettre en œuvre, ensuite il y a un énorme travail à faire au niveau de la prévention, de la pédagogie, c’est un problème de société en profondeur.
Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.
Source: RT France
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