Qui a sauvé Erdogan et pourquoi ?
Selon Al Monitor qui cite les diplomates turcs, le Président Erdogan avait été alerté par la Russie, quelques heures avant le début du putsch militaire. Aux premières heures du coup d’Etat, Ankara a aussi appliqué les conseils de Téhéran qui a proposé au président turc de faire envahir les rues par ses partisans.
le renseignement turc, MIT, avait reçu des informations en provenance de la Russie lesquelles confirmaient l’imminence du coup d’Etat. L’armée russe aurait capté des messages échangés à la radio, qui mettaient en évidement des mouvements et des agissements suspects. Suivant ces informations, plusieurs hélicoptères militaires projetaient de se rendre à l’hôtel où résidait Erdogan pour l’arrêter ou le tuer.
Mais où se trouvait la source de captage russe ? Selon les diplomates, les unités de l’armée russe, basées dans la province de Lattaquié au nord de la Syrie, qui sont dotées de systèmes d’écoute et de dispositifs de captage très sophistiqués, auraient collecté ces informations. C’est visiblement en guise de remerciement qu’Erdogan a donné l’ordre d’arrestation de deux pilotes impliqués dans l’abattage du bombardier russe en décembre 2015 au dessus de la Syrie. Ces deux pilotes auraient été aussi impliqués dans le coup d’Etat.
Les sources diplomatiques, citées par Al Monitor, n’écartent pas l’existence de liens entre le rapprochement de la Turquie avec la Russie d’une part, et le coup d’Etat de l’autre, un rapprochement qui s’est amorcé à peine 10 jours avant le coup de force.
Quatre jours après le coup d’Etat, Erdogan a publiquement annoncé vouloir changer de cap dans ses relations avec certains pays et « mettre un terme à ses divergences avec ses voisins ». Le porte-parole du Kremlin, Dimitri Peskov a fait état, lui aussi, de la visite début d’août d’Erdogan en Russie.
Et le rôle de l’Iran ?
Selon les diplomates turcs, le MAE iranien a vivement condamné le coup d’Etat manqué, à peine deux heures après le début des violences. Plusieurs hauts responsables sécuritaires iraniens, dont le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, Ali Chamkhani, ont contacté les autorités turques. Le commandant en chef de la force Qods, le général Ghassem Soleimani s’est penché sur divers scénarios à prévenir. L’Iran est préoccupé par les événements en Turquie. La Turquie est un pays voisin et Erdogan, malgré le dossier syrien, reste un partenaire. Et puis tout au long de la crise syrienne, la Turquie s’est engagée dans une alliance contre nature avec les pays qui, à présent, souhaitent son démembrement.
Ankara accuse Fethullah Gülen d’être derrière ce coup d’Etat mais les sources bien informées évoquent la piste émiratie. Cette piste, certains responsables turcs en avaient pressenti l’existence sans pour autant y attacher une grande importance. Il y a aussi les traces saoudiennes dans ce coup de force manqué dans la mesure où Riyad aurait été bien au fait de ce coup d’Etat mais n’a pas daigné en informer l’intéressé.
Une chose est sûre : le coup d’Etat de la semaine dernière s’est transformé en une confrontation régionale avec en toile de fond la perspective d’une Turquie qui est sur le point de changer de camp. Si telle est la nouvelle donne, alors il est parfaitement fondé de dire que c’est l’Iran et la Russie ont sauvé Erdogan. Pas pour ce qu’il est mais pour éviter l’émergence d’une nouvelle Syrie…
Source: Pars Today
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