Le choix d’Erdogan: la Turquie réoriente sa priorité de l’Ouest à la Russie
© Sputnik/ Mikhail Klimentyev
La tentative de coup d’Etat manqué les efforts « turbo » de la Turquie pour rétablir ses relations politiques et économiques avec Moscou. Quel que soit le mécontentement de l’OTAN et de Washington, Ankara se déplace de l’Ouest vers la Russie.
Le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan sont convenus à tenir des entretiens, le 9 Août à Saint-Pétersbourg, en Russie.
« La Russie est non seulement un voisin, mais aussi un partenaire stratégique de la Turquie. Nous espérons améliorer nos relations et les rendre encore mieux que ce qu’elles étaient avant la crise du jet du 24 Novembre, » le vice-Premier ministre turc Mehmet Simsek lors d’une conférence de presse mardi, a été cité par le quotidien conservateur de la Turquie Yeni Safak.
Commentant l’affaire Daily Sabah a souligné que ce sera pour Erdogan « la première visite prévue à l’étranger suite à la tentative de coup d’Etat manqué. »
Il semble que le dégel entre la Russie et la Turquie qui a suivi les excuses de M. Erdogan pour avoir abattu le Su-24 Russe dans l’espace aérien syrien est sur le point de se développer en de solides relations bilatérales.
Remarquablement, la réaction de la Russie à la récente tentative de coup d’Etat manqué en Turquie a accéléré le rapprochement entre les deux pays.
Le lundi ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavusoglu, a fait l’éloge du Kremlin pour avoir soutenu pleinement le gouvernement turc légitime lors de la tentative de coup d’Etat.
« La Russie nous a fourni un soutien complet et inconditionnel lors de la tentative de coup d’Etat, pour que nous soyons reconnaissants à Poutine et à tous les fonctionnaires russes, » a souligné Cavusoglu lors de son apparition sur la chaîne de télévision Haberturk.
Dans le même temps, les relations américano-turques menacent d’atteindre leur nadir.
Dans la foulée de la tentative de coup d’Etat manqué, Ankara a demandé à Washington d’extrader le religieux auto-exilé Fethullah Gulen, un cerveau présumé derrière le soulèvement.
Depuis Washington ne s’est pas précipité de répondre à la demande d’Ankara, le gouvernement turc a menacé de rompre les liens avec son allié de longue date et est même allé jusqu’à suggérer que Washington aurait pu être impliqué dans le complot.
« La tentative de renverser Erdogan a des efforts de turbo pour rétablir les liens entre la Turquie et la Russie qui étaient déjà en cours après la crise sur l’avion de combat. Le rapprochement peut même conduire à un réalignement politique dans la région. Erdogan a attiré de vives critiques des Etats-Unis et d’autres alliés de l’OTAN pour une répression de balayage sur des dizaines de milliers d’opposants présumés après que le coup ait échoué, tandis que la Turquie a couvert de louanges la Russie pour son soutien depuis l’éclatement de la crise le 15 Juillet, » a rapporté mardi Bloomberg.
© REUTERS / Kayhan Ozer
Président Tayyip Erdogan (2e à droite) rencontre le Premier ministre Binali Yildirim (Droite), le leader de l’opposition Kemal Kilicdaroglu du Parti populaire républicain (CHP) (2e à gauche) et le chef Devlet Bahceli du Parti du Mouvement Nationaliste (MHP) au Palais présidentiel à Ankara, Turquie , le 25 Juillet 2016
Le média allemand en ligne Spiegel partage les préoccupations de Bloomberg:
« Compte tenu de sa réaction difficile à la tentative de coup d’Etat qui a échoué avec d’innombrables arrestations et l’idée de réintroduire la peine de mort, il semble irréaliste que la Turquie ne pourra jamais adhérer à l’UE. Dans cette optique d’Erdogan de [de reprendre les relations] avec Poutine ressemble à une tentative de changer l’orientation du pays vers la Russie … Erdogan est revenu maintenant de l’Ouest vers l’est, « Matthias Gebauer du Spiegel a noté mercredi, ajoutant que le dirigeant turc prend ces mesures indépendamment du mécontentement de l’OTAN.
Pour sa part Deutsche Welle a également souligné le fait que les relations russo-turques se normalisent à un grand rythme.
Dans son interview avec la sortie médiatique, Anna Glazova de l’Institut russe d’études stratégiques (RISS) a souligné que la relation entre la Russie et la Turquie s’est considérablement améliorée. La décision de M. Erdogan à présenter des excuses pour la mort du pilote russe est devenue le déclencheur pour le dégel.
Elle a appelé l’attention sur le fait que, après la tentative du coup d’Etat manqué encore une autre condition du gouvernement russe a été atteinte: les pilotes turcs responsables d’avoir abattu le Su-24 de la Russie ont été arrêtés. Alors qu’ils ont été arrêtés pour leur participation au coup d’Etat manqué, des voix se font jour à Ankara accusant l’armée turque pour porter un coup au partenariat russo-turque.
Commentant les perspectives de la relation russo-turque, l’analyste géopolitique américain Eric Draitser a suggéré que la Turquie puisse tourner le dos à l’axe US-OTAN-UE, et adopte le plan de la Russie et la Chine pour créer un espace eurasien unifié.
« En fin de compte, le coup d’Etat manqué de 2016 en Turquie aura des conséquences durables qui auront un impact sur les années et les décennies à venir. Avec la Turquie rompant maintenant clairement avec l’axe US-OTAN-UE, il est assez prévisible qu’elle cherchera non seulement à réparer les clôtures avec la Russie et la Chine, mais de se placer dans le camp non occidental caractérisé par BRICS, l’Organisation de coopération de Shanghai, la stratégie « Une ceinture Une voie » (One Belt One Road) de la Chine, l’infrastructure, la Banque asiatique d’investissement, etc., » a noté Draitser dans son article pour Stopimperialism. org.
Traduction: Jean de Dieu MOSSINGUE
Source: Sputniknews
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