Bataille pour Alep en Syrie: nouvelle aube, ou prélude pour le pire?
© Sputnik/ Iliya Pitalev
Les forces gouvernementales syriennes ont entouré les militants d’Al-Nusra à Alep. En coopération avec l’armée russe, trois couloirs humanitaires ont été mis en place pour laisser échapper les civils et les militants se sont rendus. Brian Becker de Radio Sputnik parle de l’importance de la situation avec l’analyste politique Soraya Sepahpour-Ulrich.
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Interrogé sur son opinion de l’importance stratégique de ces développements, Sepahpour-Ulrich a appelé Alep un « bastion terroriste », en soulignant que, à son avis, quiconque se livre à un combat qui prend des vies innocentes est un terroriste, plutôt que de « l’opposition. »
« Ce serait vraiment un échangeur de jeu si … le gouvernement syrien avec ses alliés, lequel est la Russie, devrait réussir à [prendre la ville], » a-t-elle dit.
Elle a noté que les civils dans la ville sont détenus en captivité, et ne sont pas seulement affamés, mais sont également utilisés comme boucliers humains – un fait qui empêche les forces gouvernementales syriennes de former un assaut massif.
Sepahpour-Ulrich a rappelé que les Etats-Unis ont également créé des couloirs humanitaires au cours de ses opérations en Irak, et ainsi toute la condamnation de Washington de l’évacuation des civils est, dans ses mots, «hypocrite».
La présence militaire américaine est utilisée pour soutenir les terroristes locaux, Sepahpour-Ulrich soutient plutôt que les gouvernements, dans le but de créer de l’instabilité, ce qui permettra aux États-Unis de faire sa marque sur le terrain.
Dans le même temps, cependant, le président syrien Bachar al-Assad gagne en popularité parmi les civils, a-t-elle dit. Ceci est susceptible de conduire à l’échec des terroristes. Et si ces terroristes, que Sepahpour-Ulrich appelle «mercenaires» des États-Unis « ne parviennent pas, les États-Unis pourrait recourir à des bombardements aériens et essayer de transformer la Syrie en un « État défaillant », malgré qu’elle soit soutenue par la Russie, l’Iran et le Hezbollah.
« Je ne pense pas que les États-Unis vont abandonner simplement parce qu’ils ont été vaincus à Alep, » a-t-elle dit. « Ils vont continuer avec [leur plan de] changement de régime … Ils ont déjà investi beaucoup trop de temps et d’argent et leur réputation. »
Sepahpour-Ulrich insiste sur le fait que, même si la reprise d’Alep sera un « coup de pouce de mile » pour Assad, personne ne devrait « pour un moment » penser que le pire de la guerre est derrière nous.
«Nous devrions être encore plus sur nos gardes que par le passé à ce moment contre ce qui va peut-être venir», a-t-elle dit à Sputnik.
Sepahpour-Ulrich a également commenté le récent « changement d’image » (« rebranding ») d’al-Nusra, comme le groupe s’est lui-même désaffilié officiellement d’Al-Qaïda. Elle a dit que le mouvement a été motivé par le désir de cesser d’être perçu comme des «terroristes» et d’avoir le droit de recevoir officiellement l’aide directe des États-Unis et leurs alliés combattant en Syrie. Elle a comparé le front al-Nusra à l’Afghanistan des talibans, qui a eu la même tactique de changement de leur image pour s’impliquer dans les relations internationales.
«Si quelqu’un croit qu’ils ont changé leur philosophie du terrorisme, ce serait naïf», a-t-elle dit d’al-Nusra.
Traduction : Jean de Dieu MOSSINGUE
Source : Sputniknews
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