Procès du président Gbagbo: Le juge-président deroute Bensouda
A moins d’un changement d’avis, ce qui est possible en raison des pouvoirs étendus du juge-Président, jusqu’à ce qu’il en soit décidé autrement, le juge-Président et ses collaborateurs dans l’affaire Bensouda contre Gbagbo et Blé Goudé ne prendront plus en compte les déclarations arrachées sous pression à Abidjan.A contrario le collègue des juges a décidé de ne prendre en compte que les dépositions assermentées. C’est à dire, la cour pénale Internationale (CPI), à travers les juges dudit dossier ne prendront bonne note que de tout ce qui va être dit durant le procès au détriment bien évidemment des fausses dépositions arrachées depuis Abidjan.
La décision,selon une source proche du dossier, été prise par le juge-Président, Cuno Tarfusser lors du huis clos quand le procureur Eric Mc Donald se plaignait de l’attitude des témoins à charges. Lesquels témoins plaidaient plutôt pour l’innocence de Laurent Gbagbo alors qu’à l’origine, ils l’avaient chargé à Abidjan même lors des échanges qu’ils ont eus avec le bureau du procureur. Le premier couac serait intervenu lors d’un huis clos, à l’occasion de la comparution de Sam Jichi alias Sam L’Africain le lundi 7 mars 2016. En effet, comme bien d’autres témoins qui seront passés avant les juges de la CPI, Sam l’Africain est considéré comme un témoin de l’intérieur censé permettre à l’ accusation de démontrer comment Laurent Gbagbo a fomenté un plan commun criminel pour conserver le pouvoir à tout prix comme le fait croire Fatou Bensouda, en utilisant les forces régulières ivoiriennes et des milices parallèles lors de la crise post-électorale de 2010-2011. Mais devant le procureur qui le croyait acquis à la cause de l’accusation pour consolider une telle argumentation, Sam l’Africain présente plutôt Laurent Gbagbo comme “un père”, un homme de paix, celui qui a accepté de négocier avec la rébellion pour pacifier le pays. Ce qui, de toute évidence, a suscité le courroux du substitut du procureur, Eric Mc Donald. C’était à l’occasion du premier huis clos qui suscitera la décision du juge de ne considérer que ce qui est dit devant lui et durant le procès.
La décision qui bouleverse le plan de Bensouda
A peine l’interrogatoire a débuté que celui qui croyait prouver la culpabilité de Laurent Gbagbo dns les chefs d’accusation qui lui sont reprochés se rend compte qu’il est curieusement contrarié par son propre témoin. Mc Donald, faut-il le rappeler trouve son témoin plutôt “hostile “alors qu’à Abidjan, lors de sa déposition devant les enquêteurs de la CPI, Sam l’Africain se serait montré très favorable comme ce jour d’octobre 2011, où Sam l’Africain incarcéré “comme prisonnier politique ” était entendu. Mais à la Haye, son audition est tout sauf ce que l’accusation attendait de lui. Le procureur voudrait le faire parler sur les ” méthodes” du groupement politique pour la paix GPP. Mais il est stoppé net par Sam l’Africain qui explique : “les gens peuvent se défendre quand ils se sentent agressé”, dit-il, justifiant l’attitude des ivoiriens et plus précisément des jeunes patriotes accusés par le régime Ouattara d’avoir joué un rôle important dans la survenue de la situation de trouble qu’à vécu la côte d’ivoire. Sam l’Africain qui témoignait à visage découvert prendra à témoin le juge-Président à qui, il rappellera qu’il n’avait jamais témoigné sous serment à Abidjan, si ce n’est à la Haye.
” je n’ai pas prêté serment à Abidjan. C’est ici que j’ai juré de dire la vérité et rien que la vérité “; avait déclaré le témoin qui oblige ainsi le juge-Président à s’accorder avec le témoin. Mis en difficulté par les réponses inflexibles de son témoin, l’adjoint de Fatou Bensouda se voit obligé d’approuver la réponse de Sam Jichi. Autre fait qui confortera le juge-président dans sa prise de décision, c’est le caractère contradictoire des réponses des différents témoins qui ont défilé tour à tour devant les juges. Comme Me Altit, Cuno Tarfusser n’a pas mis longtemps à mettre à nu les incohérence du témoin P441, lors de son contre interrogatoire, le mardi 10 mai dernier, il a suffi de quelque mises au point pour que l’avocat de Gbagbo confonde l’accusation et son témoin à charge quant aux déclarations faites par ce dernier lors de l’instruction. Une situation qui, de fait, a agace les juges et l’accusation au point ou RFI, la radio d’Etat française en a fait son chou gras.
RFI dans son édition du 11 mai 2016, a déclaré que” le témoin P 441 s’est confondu dans des déclarations contradictoires dès la prise en main par la défense de Gbagbo de l’interrogatoire (contre interrogatoire, NDLR)”. Et d’ajouter que lorsque;” la défense de l’ancien Président ivoirien a tenu à rappeler à P441 ses anciennes déclarations: “Dans ce rapport, vous dites qu’il y a eu des coups de feu autour de la mosquée le jour de l’attaque (…) que la police à participé à la lapidation des personnes qui se trouvaient aux alentours “. Mais contre toute attente le témoin P441a renié cette version des faits: ” Non je n’ai pas dit cela !”.
A en croire nos sources, le juge Président avait piqué une crise de colère tout en rappelant qu’il ne tolérait plus ce genre d’incidents. En clair, la Cour Pénale Internationale se contentera désormais que des déclarations faites devant les juges. Toute chose qui aurait entamé la détermination de Mc Donald. L’homme, on le sait,ne vient plus au procès depuis cette décision du juge Président qui consiste à faire table rase de tout ce qui a été recueilli comme déclaration à Abidjan.
L’accusation est entrain de prendre une véritable douche froide du fait des contradictions relevées dans les témoignages des hommes sur lesquels comptaient Bensouda et le régime ivoirien qui ne jurent que par la condamnation coûte que coûte, de Laurent Gbagbo. En tout cas jusque-là, tous les treize (13) témoins qui se sont succédé à la barre n’ont pas pu corroborer; de par leurs dépositions, le plan commun mis en place par Laurent Gbagbo et son entourage pour se maintenir au pouvoir par tous les moyens. Et déjà, des voix se font entendre pour réclamer une liberté provisoire pour les accusés pendant que le procès déroule. Mais en attendant, les regards sont tournés vers le juge Cuno Tarfusser.
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