© AP Photo/ Alexander Zemlianichenko
Pour Die Welt et Die Zeit, les derniers articles sur Vladimir Poutine ont été peu inspirés. Cette presse soi-disant de qualité, indépendante et objective, a semblé incapable de traduire correctement ses déclarations sur les attentats déjoués en Crimée, promettant une « vengeance cruelle » alors qu’il ne l’a jamais dit.
L’objectivité et l’indépendance de la couverture des événements clé par certains médias font fuir de plus en plus de lecteurs, qui laissent parfois des commentaires indignés, supprimés ensuite par des modérateurs attentifs. Citer des témoins non existants, mentionner des preuves-photos sans les rendre publiques, proposer une traduction libre en y ajoutant ses propres idées, autant d’éléments qui montrent que nous sommes entrés dans une nouvelle ère de spéculations médiatiques.
A qui cela peut-il être bénéfique? Seulement à ceux qui embrasent les conflits décrits.
« On se vengera de la mort des deux Russes »
De quoi s’agit-il au juste? D’une traduction infidèle ou d’une manipulation médiatique? Une heure seulement après la déclaration du président russe sur l’attaque ukrainienne avortée en Crimée, Die Zeit proposait une telle version des faits:
« Les forces spéciales russes disent avoir déjoué un attentat préparé par l’Ukraine en Crimée. Le président Poutine promet de se venger, l’Ukraine de son côté dément tout ».
Vient ensuite une citation soi-disant attribuée à Vladimir Poutine: « On se vengera de la mort de deux Russes ».
De cette manière le journal a interprété ces paroles: « La Russie a subi des pertes, deux militaires ont été tués. Nous n’allons pas rester de marbre face à cette action ». Peut-être aurait-il fallu laisser un peu plus de temps pour vérifier la traduction? Ne soyons pas naïfs! C’est à coup sûr ce que le journal entendait communiquer…
Ces troupes de Poutine qui « se vengent cruellement des civils »
Mais les pêchés de la presse « objective et indépendante » ne s’arrêtent pas là. Un article de Die Welt avait pour titre « Voilà comment les troupes de Poutine se vengent cruellement des civils » et faisait référence à certains Syriens et activistes russes qui racontaient les crimes militaires perpétrés prétendument par les forces aérospatiales russes. La rédaction voulait également en appeler à la conscience des lecteurs: « Massacre de masse: ça se passe devant vos yeux à Alep, ayez honte, vous autres! », disait un lien placé au-dessous de l’article.
Or, quelques heures plus tard le titre de l’article était modifié (« L’arme incendiaire inflige des pertes humanitaires considérables »). Le lien lui-aussi a curieusement disparu par la suite.
Entre-temps, l’article mentionne par endroit des témoignages et des photos qui attestent apparemment de la cruauté inhumaine des troupes russes — mais ne les présente jamais. « Des témoins ont réussi à photographier des Su-34 qui larguaient des bombes-grappes, et ces avions sont exclusivement utilisés par la Russie « , affirmait Die Welt, sans jamais appuyer ses propos par des preuves.
Des lecteurs ont vite saisi la négligence du journal. « Les nouvelles provenant de cette région sont si controversées que je n’y crois plus sans qu’on me fournisse des preuves. Parfois ils écrivent que +des activistes décrivent en détail tel ou tel événement et croient qu’il signifie ça et ça. Mais il est impossible de décrire en détail ce qu’on croit être ceci ou cela, c’est une controverse en soi », lit-on dans un commentaire probablement déjà supprimé. « Chaque site raconte sa propre histoire et au bout du compte il en résulte quelque chose d’absurde ».
Die Welt a par la suite évoqué des attaques brutales au gaz toxique en tant qu’acte de vengeance et citait un représentant de Human Rights Watch qui, pourtant, n’a parlé que de dix civils blessés à Idlib et n’a jamais fait allusion à des massacres de masse.
« Si les médias occidentaux n’avaient pas menti, année après année, à propos de la guerre en Syrie, et n’avaient pas perdu toute notre confiance, j’aurais peut-être été scandalisé. Mais, malheureusement, ça fait longtemps qu’on ne peut plus se fier à ces reportages, tout comme aux organisations telles que Human Rights Watch, un soi-disant poste de surveillance en Syrie qui est basé à Londres, et aux nombreuses autres organisations qui ont souvent leurs propres clients et marionnettistes », estime un des lecteurs, Fürst Woronzow.
Submergée dans cet abysse de spéculations, il n’est pas étonnant que l’audience de ces médias dits de qualité se rétrécisse à vue d’œil, et la suppression des commentaires non désirés ne fait qu’accélérer le processus.
Source: Sputniknews