L’OPEP représente actuellement seulement 33% de la production commercialisée mondiale, 67% se faisant hors OPEP et au sein de l’OPEP, l’Arabie Saoudite joue le rôle déterminant, l’Algérie pesant 1,2 millions de barils/jour et le Venezuela en semi faillite, qui demandent la baisse de 2 millions barils/jour, étant marginalisés. A terme, tout dépendra d’une entente entre d’une part l’Arabie Saoudite et l’Iran et d’autre part entre l’Arabie Saoudite et la Russie et les USA qui sont hors OPEP. Mais le prix d’équilibre final se fera par une entente entre les USA et l’Arabie Saoudite, alliés stratégiques. Depuis la baisse des cours du pétrole mi 2014, avec les tensions budgétaires que connaissent la majorité des pays OPEP (33 millions de barils jour en juillet 2016) et la Russie avec un record de production en juin et juillet 2016, dans la pratique des affaires, ces pays ont accru la quantité pour suppléer à la baisse des prix.
Facteurs influant le prix du pétrole
Le cours du pétrole a clôturé le 19 aout 2016 à 50,72 dollars le Brent et à 48,39 dollars le Wit. Toute analyse doit s’en tenir toujours aux fondamentaux. C’est un marché très volatil dépendant certes de facteurs internes, maîtrise des coûts de production renvoyant au management stratégique, mais surtout de facteurs externes.
-Croissance ou récession de l’économie mondiale notamment de la Chine, d’autres pays émergents, des USA et de l’Europe, les énergies fossiles, baisse des subventions pour les énergies fossiles ( voir rapport FMI – COP21), cotation dollar/euro n’existant pas de corrélation linéaire, niveau des stocks notamment chinois et américains, entrée massive d’anciens producteurs (Irak/Iran Libye) et de nouveaux producteurs, protection de l’environnement et innovations technologiques notamment dans les énergies renouvelables, l’avenir horizon 2030 appartenant à l’hydrogène, mutation énergétique du modèle de consommation -importantes et économies d’énergie pouvant aller entre 20/30%, spéculation des traiders, facteurs géostratégiques sur les cours qui peuvent influer positivement ou négativement sur les cours…
Différents scénarios 2017/2020
A partir des prévisions de la majorité des institutions internationales spécialisées, devant partir toujours d’hypothèses et ne devant jamais être affirmatif, nous aurons quatre scénarios entre 2017/2020. Au-delà, il est impossible pour tout expert de prévoir, étant fonction de nombreux facteurs exogènes et notamment du nouveau modèle de consommation énergétique à l’échelle mondiale entre 2020/2030/2040(1).
– Le premier scénario une expansion de l’économie mondiale dont la Chine où le cours approcherait les 60/65 dollars entre 2017/2020, personne ne pouvant prévoir au-delà, tout dépendant du nouveau Mix énergétique entre 2020/2030.
– Le deuxième scénario est une croissance modérée et le cours fluctuerait entre 50/60 dollars.
-Le troisième scénario, avec une croissance faible le cours fluctuerait entre 40/50 dollars.
-Le quatrième scénario, une crise mondiale où le cours plongerait en dessous de 40 dollars.
Recettes prévisionnelles de Sonatrach
Avec les dérivées Les hydrocarbures constituent 97% des recettes en devises du pays, pouvant selon les extrapolations de Sonatrach accroitre en volume physique horizon 2020, un maximum de 30% devant arbitrer ente la forte consommation intérieure (devant aller vers des subventions ciblées) et les exportations. Mais pour l’Algérie, il faut être également attentif aux prix du gaz conventionnel. Selon une information internationale de taille, le Qatar dès le 1er janvier 2017 écoulerait du GNL vers l’Inde à 6/7 dollars le MBTU alors que la rentabilité pour l’Algérie se situe entre 14/15 dollars et avec l’Iran impossible de pénétrer le marché asiatique devant contourner toute la corniche d’Afrique, le marché naturel de l’Algérie étant l’Europe devant tenir compte de la concurrence du géant russe Gazprom et de la récente entrée des USA. Le prix du gaz, plus de 33% des recettes de Sonatrach, qui procure avec les dérivées 97% des recettes en devises, est indexé sur celui du pétrole et avec la fin des contrats à long terme, la majorité en 2018, le prix risque de s’aligner sur le marché spot en baisse.
-A 60 dollars le baril (prix du gaz indexé), référence des calculs de la LFC 2015, les recettes de Sonatrach ont été établies à 34 milliards de dollars. L’on doit retirer 20% de charges, ce qui nous donne 27 milliards de dollars de profit net, en précisant que la baisse d’un dollar en moyenne annuelle occasionnant une perte pour l’Algérie d’environ 600 millions de dollars.
– A 50 dollars, le baril donne un profit net de Sonatrach de 21 milliards de dollars.
– A 40 dollars, le baril donne un profit net de Sonatrach de 15 milliards de dollars.
– A 30 dollars, le baril donne un profit net de Sonatrach de 9 milliards de dollars.
– A 20 dollars, le baril donne un profit net de Sonatrach de 3 milliards de dollars étant presque au seuil de rentabilité (15/20 dollars selon les gisements nouveaux ou anciens petits ou grands).
Eviter le mythe de la rente éternelle et engager des réformes strcuturelles
Toute décision stratégique dans le domaine de l’énergie relève du Conseil national de l’Energie présidé par le président de la République. Le gouvernement devra mettre en œuvre des politiques appropriées pour mobiliser les ressources financières suivant différents scénarios, tout en analysant la problématique de la rentabilité future des investissements projetés. La solution pérenne pour une économie diversifiée est le retour à la confiance, la moralité de ceux qui dirigent la Cité, l’investissement dans les institutions démocratiques, l’économie de la connaissance et s’inscrire au sein de filières internationalisées en termes de coût/qualité libérant toutes les énergies créatrices entrepreneuriales, comme le stipule la nouvelle Constitution (1). Cela passe par la débureaucratisation et plus de profondes réformes structurelles qui ne peuvent plus attendre.
Une baisse de la production OPEP peu probable
Un accord ferme engageant tous les producteurs pour la réduction de la production de deux (2) millions de barils jour comme le réclame l’Algérie et le Venezuela est peu probable lors de la réunion qui se tiendra à Alger au mois de septembre 2016, Le seul message positif est plus de discipline notamment pour ne pas encore augmenter la production des deux plus grands producteurs ( USA/Russie). Un échec comme celui de Doha replongerait les cours en dessous des 50 dollars, le prix d’équilibre souhaité par l’Arabie Saoudite étant 50/55 dollars, car entre 60/70 dollars bon nombre de gisements de gaz de schistes marginaux dont les coûts ont baissé de 30/40%, deviendrait rentables. Afin d’éviter l’expérience de faillite vénézuélienne, l’Algérie ne doit plus vivre de l’illusion de la rente éternelle et doit mettre impérativement en place une nouvelle politique socio-économique. Elle en a les potentialités, si elle veut éviter l’épuisement de ses réserves de change horizon 2019/2020 (voirs nos différentes contributions http://www.algerie1.com de juillet/aout 2016).
(1)- Sur ce sujet interviews du Pr Abderrahmane Mebtoul- ( 15/17/08/2016) TV Ennahar- TV Chorouk – TV Dzair News – les quotidiens gouvernementaux – Chaab 15/08/2016- et Al Nasr en arabe du 18/08/2016-interview Tv El Bilad sur la réunion de septembre 18/19/08/2016-au quotidien Qatari –Doha reproduit sur son site http://www.al-ain.net le 18/08/2016,
حلول تمنع هبوط الاحتياطي النقدي للجزائر et en anglais le 19/08/2016 sur le site Mena/Forum diffusion internationale Amérique/Europe/Asie.
NB-.-Le professeur Abderrahmane Mebtoul, qui est membre de plusieurs organisations internationales sur l’Energie, a publié de nombreuses contriubtions dans des revues mondiales (arabe-anglais-français), ayant eu à travailler de 1974 à 2007 au sein du Ministère de l’Energie Sonatrach, ayant connu tous les Ministres de l’Energie et PDG de Sonatrach de l’indépendance à ce jour, dirigé de nombreux audits pour les gouvernements successifs de 1974 à 2016, a toujours privilégié les intérêts supérieurs de l’Algérie et non les personnes et toujours milité pour une mobilisation et un dialogue productif, sans exclusive, de tous les algériennes et algériens, tolérant leurs différentes sensibilités, personne n’ayant le monopole du nationalisme.
Source: Algerie1