Extravagances à Oyo pendant que la comédie du plan de sauvetage se peaufine à Washington….
Ceux qui s’intéressent à notre pays, ou s’inquiètent pour leur famille, savent bien qu’une crise profonde sévit au Congo. Même si, systématiquement, tout ce qui l’agite réellement n’est pas révélé par les grands médias internationaux ou dénoncé par de grandes institutions ; les crimes de toutes sortes s’y confondent dans l’impunité la plus totale. Rien ou si peu n’échappe à la noirceur du tableau !
Des scandales financiers, se chiffrant en centaines de millions d’Euros, sont révélés quasiment tous les jours et il faudrait un temps infini pour aller au fond de chaque dossier. Signe des temps ou succès à mettre au crédit de nos lanceurs d’alertes : Willy Nguesso, persona non grata au Canada, vient d’être mis en examen par le Parquet de Paris pour « blanchiment de détournements de fonds publics ». Depuis 1998, au travers de sa société SOCOTRAM, il rackette, très officiellement, tout transport aérien ou maritime par une taxation des marchandises, à l’export ou à l’import, dont le pétrole. C’est un merveilleux signal qui vient d’être adressé à tout un clan de prédateurs qui se croyait intouchable ! Et ce n’est que justice que Willy soit le premier ciblé, car il fut également le tout premier grand bénéficiaire de la débauche financière du Congo. En presque 20 années, c’est aisément un total de plus de 500 millions de dollars (+/- 300 milliards de FCFA) qui a été soutiré au travers de son système de taxation incontournable.
En attendant qu’un grand ménage puisse se faire, dans un pays qui a été amené à la cessation de paiement du fait de la prédation des Nguesso, on ne peut qu’observer un Premier ministre, Clément Mouamba, très serein et confiant dans l’obtention d’un plan de sauvetage par le Fonds Monétaire International.
Pourrait-il contredire ce qui précède ? Il n’en a que faire ! Les habituels réseaux internationaux corrompus œuvrent, en coulisses, au secours scélérat. Afin que la pilule passe sans encombre, parce que seulement aider l’Etat voyou du Congo finirait par faire jaser, il a été décidé par les bons samaritains de la finance d’établir un plan de sauvetage régional : celui de la CEMAC et ainsi d’y noyer le requin, plutôt que le poisson, Denis Sassou Nguesso ! Tout ce beau monde marche de concert… Le dictateur congolais, corrupteur notoire, leur a déjà enseigné une belle partition à suivre afin de recevoir leur récompense. Hommes, femmes, politiques du monde entier se sont toujours pressés à sa Cour pour recevoir des bribes, des 30 milliards de dollars qu’il a détournés ces 20 dernières années, en échange de leur silence ; ou pour certains de leur complicité active… !
Dans des affaires comme l’effacement de la dette congolaise, la corruption a été massive. C’est une notoriété brazzavilloise du premier cercle des gens un peu avertis, que l’accès et l’obtention du programme PPTE ont été monnayés au prix fort. Certains ont appelé « rétro-charité » cet échange de bons procédés.
Un petit exemple de rétro-charité, fut lorsque le Représentant Résident du FMI au Sénégal, Alex Ségura, s’était fait pincer à l’aéroport CDG de Paris avec une mallette pleine de billets (au total l’équivalent de 133.000 euros), le 25 septembre 2009. Il avait été blanchi par le Conseil d’administration du FMI, en décembre de la même année, alors que Dominique Strauss Kahn s’apprêtait à faire un cadeau de 5 milliards de dollars à Sassou Nguesso ; avec pour conséquence une débauche économique et financière que cette mauvaise décision déclencha dans notre pays. La reconnaissance du kleptocrate-dictateur, et la rétro-charité sonnante et trébuchante, furent proportionnelle à sa très grande satisfaction. Son Neveu Edgar, Directeur du domaine présidentiel, affirmait même en 2009 à qui voulait l’entendre : « Vous ne pouvez pas imaginer à quel(s) niveau(x) cela se passe ! (Ndlr : la combine de l’effacement) ». Sûr qu’aujourd’hui, il brûle d’envie d’en dire de même !
Pour bien prouver que ce plan de sauvetage n’a pas lieu d’être et que Sassou Nguesso et sa clique ne manquent pas d’argent, Oyo, la nouvelle capitale congolaise, ces derniers jours a été au centre de trois manifestations majeures, totalement surréalistes, complètement déconnectées de la crise profonde à laquelle la population est confrontée :
- la présentation du Fonds Bleu pour le Bassin du Congo guidée par le même sulfureux mécène de l’orchestre de Madame Valls,
- l’inauguration de l’hôpital général d’Oyo (alors que dans le reste du pays les structures hospitalières sont exsangues financièrement et que la plupart des personnels y sont en grève)
- le Musée de N’Gol’Odoua dédié au KIebe-Kiebe avec une réelle destination comme toujours obscure…parrainée par Jean Paul Pigasse. Une exhibition indécente « au cœur de la végétation pour faire entrer les sculptures Kiebe-Kiebe dans l’histoire de l’humanité» alors que la jeunesse congolaise s’entasse par plus de cent élèves dans des classes sans banc. Humanité très sélective des cautions morales du régime de Brazzavole…
Pour s’y presser, des invités du monde entier sont venus en avions privés, payés pour la plupart par la kleptocratie présidentielle. Il y en avait une multitude sur le tarmac de l’aéroport international et quasiment privé de Denis Sassou Nguesso à Ollombo. Pour couvrir ces évènements la presse étrangère (Africa24, Les Echos, Paris Match, Jeune Afrique, Forbes Afrique, Télé Congo, Vox Africa, Africa Numéro 1, Canal 2) a été conviée. Elle a été traitée aux petits oignons pour sa plongée dans les profondeurs de l’Afrique : vols aller-retour en jet-privé et séjour au Palace 5 étoiles de l’Alima, dans cette partie du Congo aseptisée pour l’occasion ; loin des tueries du Pool et des bombardements des populations civiles. Du bon temps assurément, Oyo ne souffre d’aucune pénurie et ne manque ni de caviar, ni de champagne millésimé ; même le Whisky, qui y est servi, est garanti hors d’âge… !
Quant à la Cour habituelle et personnelle du tyran de la Cuvette, elle était presque au complet. Christine Ockrent pour une fois absente, mais Madame et Monsieur Richard Attias, Yamina Benguigui (comme toujours) avaient répondu « présent ». Faure Eyadema n’aurait raté pour rien au monde ce déplacement. Michel Roussin représentait le Groupe Bolloré pour accompagner le dictateur dans sa distraction favorite, le gaspillage de la richesse nationale. En hôte de marque exceptionnel, et au centre de toutes les attentions, se distinguait le Duc de Kent, cousin de la Reine Elisabeth II, qui est aujourd’hui (et depuis 45 ans, la plus longue période de l’histoire), le Grand Maître de la Grande Loge Unie d’Angleterre. Sur le plan international, il est, on peut le dire, le pape de la Franc-maçonnerie. Curieusement, il a effectué cette visite au pandémonium d’Oyo au moment même où le Pape François renonçait à se rendre à Kinshasa et à Brazzaville.
La Fondation Brazzaville parrainait l’évènement du Fonds Bleu toujours dans sa logique, par tous moyens, de soutien inconditionnel à la dictature congolaise ; Denis Sassou Nguesso qui n’a pas su gérer le pétrole congolais, ni la santé de ses citoyens, ni l’avenir de sa jeunesse, veut apparaître comme le sauveur de l’Afrique Centrale et de son environnement. C’est un peu vite oublier que, depuis le retour sanglant du dictateur, la production forestière, presque entièrement dans les seules mains de sa famille, est passée de 500.000m3 par an à plus de 2,5 millions m3, sans compter les coupes clandestines.
Ce Fonds Bleu, comme tous les autres fonds ou structures gérés par Sassou Nguesso, est condamné à la faillite. Ce ne sera certes pas un handicap pour accéder à un plan de sauvetage par le FMI, qui au prétexte de vouloir aider la CEMAC, sauvera la tyrannie congolaise sans avoir exigé la moindre contrepartie de transparence de gestion ou d’avancée démocratique. Les prisonniers politiques et le véritable vainqueur de la dernière élection présidentielle peuvent bien rester en prison. Les boucheries humaines et abus contre les Droits de l’Homme, récemment dénoncés par le Département d’Etat à Washington, pourront se poursuivre… Grâce à la très trop généreuse bénédiction financière du FMI et de Madame Lagarde.
Un véritable Etat de Droit, demain à la tête du Congo, ne se privera pas d’imposer ses arguments juridiques ou autres au FMI et à son actuelle General Manager, avec toutes ses conséquences pour les uns et pour les autres… !
Rigobert OSSEBI
Source: congo-liberty.com
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