Emmanuel Macron : Président mal élu ?
© REUTERS/ Gonzalo Fuentes
L’élection présidentielle a donc un vainqueur, et c’est M. Emmanuel Macron qui est élu avec plus de 65% des votes, comme le laissaient présager les sondages. Mais, il est élu avec un nombre important d’abstentions, environ 26% et un nombre record de votes blancs estimés à 8,2%. Dire qu’il est mal élu est donc un euphémisme.
Il n’aura recueilli sur son nom qu’environ 20 millions de suffrages sur les 46 millions de français en âge de voter. A cela, il convient d’ajouter que de nombreux électeurs d’Emmanuel Macron n’ont voté pour lui que pour faire barrage à Marine le Pen, ce qu’Emmanuel Macron a d’ailleurs reconnu. On voit que cette élection a des apparences d’imposture.
L’imposture Macron
Les deux candidats qui se sont affrontés durant cette campagne portent une responsabilité évidente dans cet état de fait.
M. Emmanuel Macron, tout d’abord, qui par son arrogance combinée à son insignifiance, s’avère être un produit de ce que l’on appelle le « système ». Il a été vendu aux électeurs comme l’on vend un paquet de lessive (selon Michel Onfray) ou une pâtisserie trop grasse et trop sucrée, aux consommateurs dans un supermarché. Il a porté très haut la barre de l’indécence en matière de récupération mémorielle. Son erreur sur le chômage de masse lors du débat du 3 mai à la télévision est en réalité exemplaire. En prétendant que la France est la seule touchée par le « chômage de masse », en oubliant la situation de la Grèce, de l’Espagne, de l’Italie, du Portugal, il dévoile en réalité sa pensée. Ces pays ne sont plus considérés comme frappés par le chômage, parce qu’ils ont mis en place, que ce soit volontairement ou contraints et forcés, des politiques de « réforme du marché du travail ». Que ces politiques aggravent en réalité la situation à laquelle elles étaient censées remédier constitue l’erreur de fond que recouvre cette erreur de forme.

L(‘ir)responsabilité de Marine le Pen
Mais, Mme Marine le Pen porte aussi une grande part de responsabilité dans cette situation. Elle s’est révélée incapable de porter son programme, et ce quelles que soient les critiques que l’on pouvait y faire par ailleurs. Ce programme avait une cohérence et, par ses revirements de dernière minute, elle a contribué à le brouiller. Elle dit avoir écouté les économistes sur de nombreuses questions, de l’Euro à la mondialisation, mais à l’évidence elle ne les a pas entendus ni compris. Ses différents changements de pieds en fin de campagne, de l’Euro justement à l’âge de la retraite ont été désastreux. Cela montre, au mieux, un très grand amateurisme dans le traitement de ces sujets qui sont pourtant des questions essentielles pour la France et les français. Au pire, cela révèle une attitude instrumentaliste quant ces sujets et, plus globalement, quant à la question économique et sociale. Son style pugnace s’est transformé en une agressivité sans borne. Tout cela ne fait pas d’elle, contrairement à ce que prétend une bien-pensance imbécile, une « fasciste », et ne justifie nullement l’appel à faire « barrage » contre elle. J’ai dit, il y a quelques jours, ce qu’il fallait penser de tout cela. Néanmoins, elle s’est avérée être le meilleur ennemi des idées qu’elle prétendait porter et défendre. Si elle ne réfléchit pas à cela, et si elle n’en tire pas les leçons, elle est perdue. Or, la désespérance que cela peut induire est susceptible de faire le jeu de politiques elles ouvertement condamnables et autrement plus radicales et dangereuses.
Sécessions politiques
Tout cela met en place une segmentation politique et culturelle profonde des français. On voit bien que les partisans d’Emmanuel Macron et ceux de Marine le Pen n’habitent plus le même pays. Ils habitent des pays différents géographiquement tout d’abord, avec la distinction entre France « périphérique » et France de la métropolisation. Mais ils habitent aussi des pays différents en matière de références culturelles et sociales. Cette sécession est d’une extraordinaire gravité. Quant on n’a plus de mots en commun, la porte est ouverte à la guerre civile.

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