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LA LOGIQUE DE GÉNOCIDE DANS LE POOL OU LE SYNDROME RWANDAIS

« Le génocide est une marée noire, ceux qui ne s’y sont pas noyés sont mazoutés à vie »  Gaël FAYE

Quoiqu’on dise et quelque argument qu’on puisse étaler, la banalisation de la barbarie dans notre pays est désormais le principal trait de caractère de la « Nouvelle République ». Toutes proportions gardées, nous sommes entrés dans une période qui rappelle étrangement les cent jours de l’année 1994 qui défigurèrent le Rwanda.  Le Hutu chassait le Tsuti. Dans les tréfonds du Pool, chaque jour qui passe,  le Mbochi (Sassou) massacre impunément du Moukongo.

Deux ingrédients : haine du Pool et corruptibilité de certains  cadres originaires de ce département.

La logique de  génocide qui se déploie dans le Pool laissera des traces indélébiles dans l’histoire  de notre pays. Plus de 200 villages rasés et définitivement rayés  de la carte par la folie d’un seul homme, des vieilles femmes violées, des paisibles paysans brûlés dans leur habitation, des bombardements aveugles. L’assassinat odieux d’une petite fille de 3 ans à Mouyondzi la semaine dernière, témoigne s’il en est encore besoin du mépris absolu de cet homme à l’égard des kongos ( La Bouenza faisait partie du Pool jusqu’en… 1956). Nul dictateur avant Sassou n’est allé aussi loin dans l’ignominie en mettant fermé le couvercle  bouillant des malheurs de nos compatriotes.

C’est un truisme de le dire, pendant que l’oligarchie ayant à sa tête  les criminels économiques KIKI NGuesso, Edgard Nguesso, Bouya ou JDO  dilapide  les milliards de Fcfa du contribuable congolais à travers le monde; Sassou se délecte à envoyer les enfants des autres,  aller massacrer leurs propres compatriotes. A la haine viscérale de Sassou à l’égard des Bakongos de ce département vient se greffer la cupidité de ses   cadres qui ferment  délibérément les yeux devant l’œuvre destructrice de Sassou.

Ces deux ingrédients se touillent dans le chaudron du diable pour produire  des massacres qui relèvent d’une logique de génocide, en bonne et due forme, loin des caméras, dans un black out total.  Aucune image, donc pas d’incidence dans l’opinion. Les révélations rétrospectives, n’ont que peu de valeur pratique. Le choc émotionnel, l’indignation, l’horreur causés par une atrocité ne seront jamais les mêmes selon qu’on apprend les évènements à chaud et « en direct », ou après coup et « en différé ».

Certains cadres originaires du Pool, qui auraient pu se constituer en bouclier contre les instincts criminels de Sassou qui n’attendait qu’une occasion pour faire ce qu’il sait faire le mieux : tuer, tuer  et tuer ; ces cadres disais-je sont soit sous les fourches caudines du boutefeu d’Oyo, soit englués dans une corruption nocive au point d’occulter les souffrances de leurs frères et sœurs.

Etre patriote, c’est savoir où placer l’axe moral d’un choix. Au lieu de cela, les complices du criminel d’Oyo contribuent à tordre le cou de  l’histoire glorieuse de ce département qui donna à notre pays des vaillants  résistants comme Mabiala Ma Nganga ou André Matsoua.

On m’objectera probablement que la véhémence de notre colère paraît disproportionnée, mais se taire serait se faire complice de l’acceptabilité molle de cette idée erronée selon laquelle le Pasteur Ntoumi serait à l’origine des massacres de ses propres parents. Disons-le sans circonlocutions : le Pasteur Ntoumi est aujourd’hui un authentique résistant, certes à sa manière, critiquable à maints égards, mais il n’est assurément pas un collabo, ceteris paribus. Les officines d’Oyo sont passés maîtres dans l’art de l’intox et de la manipulation.

Ce n’est nullement de l’acharnement en affirmant sans ambages  que Guy Brice Parfait Kolelas,  qui a toutes les cartes entre ses mains pour plier son criminel de père adoptif, n’est préoccupé que par sa carrière politique et l’enrichissement inhérent à cette honteuse collusion. Tant d’espérance  dans l’évanescence.

Par ailleurs, on suppute ça et là que certains députés du Pool, pas sûrs d’être une fois de plus « nommés » aux législatives qui se profilent – par le chef de la mafia El Sass himself – ne ménageraient aucun effort pour la perpétuation du chaos.  De fait, tout député représentant une circonscription en zone de conflit serait tacitement reconduit pour la prochaine législature.  Que demander de plus à ces députés d’un parlement–croupion, incapables d’initier une seule loi susceptible d’atténuer les souffrances de leurs parents ? Comble de cynisme.

Le syndrome de Procuste

La tyrannie avec laquelle Sassou exerce le pouvoir trouve son explication dans ce mal très répandu et mal connu qui frappe la plupart des monarques. L’atrophie de l’imagination et de la créativité induite par ce syndrome, obère toute capacité à penser de manière analogique. La tendance à vouloir tout « formater »  selon ses propres critères, explique l’obsession avec laquelle Sassou s’est attelé à abroger la constitution de janvier 2002, pourtant taillée sur mesure.

De même, le hold up électoral du 20 mars 2016 procède de ce syndrome qui met en exergue la mauvaise foi, devenue sa seconde nature et la tendance qu’ont ceux qui en souffrent,  à vouloir jouer aux  «  petits-chefs » au mépris de toute règle de bienséance. La gloutonnerie du pouvoir qui les habite, les aveugle.

Le syndrome de Procuste tire son nom de ce célèbre aubergiste de la mythologie grecque qui allongeait de force ceux parmi ses hôtes qui ne rentraient pas dans le lit qu’il leur proposait, et qui coupait les membres de ceux qui en dépassaient la longueur. Ce mythe illustre parfaitement l’état d’esprit de Sassou qui explique cette propension à déformer les faits pour  faire croire à une concordance avec  l’orthodoxie rationnelle.

Seul un cerveau fêlé peut concevoir un plan machiavélique, visant à publier des résultats totalement faux d’une élection perdue avec un minable score de 8%, sur fond d’un climat de terreur  sans précédent, dans le but de tétaniser les magistrats et les autres concurrents !

Sa dernière interview accordée à un journaliste de France24 depuis Oyo, met en exergue la mégalomanie qui habite cet homme. Il est englué dans un dogmatisme qui le rend de plus en plus dangereux pour ses proches et pour le pays entier. Tout en voulant déformer la réalité à coup de mensonges, il nie l’existence de la crise au Pool, balaie d’un revers de main la liste des prisonniers politiques, mais surtout il a l’outrecuidance de se targuer d’avoir reçu un mandat du peuple congolais à chaque élection. En réalité, Il croit  posséder une logique à toute épreuve, même quand les faits lui donnent tort.

Depuis le la nuit du 4 au 5 avril 2016,  l’entendue  des affres de la guerre dans le Pool nous laisse pantois. La raison, la décence  et la vérité sont pris en otage par la rigidité psychologique d’un seul homme. Un homme ayant perdu tout discernement, allergique au débat. Tous ceux qui osent s’opposer à « sa » vérité, courent le risque d’être tout bonnement persécutés et/ou assassinés. Nous n’avons pas le droit de nous taire ni de sombrer dans la résignation, car comme nous le rappelle si bien la Résistante Elsa TRIOLET : « Le silence est comme le vent : il attise les grands malentendus et n’éteint que les petits ».

J’ai l’immodestie de penser que notre peuple saura se débarrasser du manteau épais du silence qui recouvre l’ensemble de notre  pays et notamment le département du Pool, livré à une cruauté sans précédent. Toute vérité sur ce qui s’y passe est placée sur le lit de Procuste. On ne le dira jamais assez : un syndrome peut en cacher un autre. De ce fait, tout patriote épris de paix devra œuvrer sans réserve, pour sonner le glas de l’œuvre destructrice de Sassou, au risque de voir arriver un autre syndrome plus nocif. Rwandais, celui-là.

Djess dia Moungouansi

Source: Congo-Liberty

L’interview-mensonges de Sassou Nguesso accordé à France24

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L’interview a fait grand bruit. En méritait-il tant !

Pas fréquent que le tyran reçoive une équipe de télévision étrangère. France24 s’y était collée. Ce n’était pas une mince affaire, non plus, que de se rendre à Oyo dans l’un des nombreux palais présidentiels que le dictateur s’est fait construire au Congo. Dommage que France24 ne nous ait pas présenté les coulisses de l’interview : Brazzaville, ses contrastes ; la navette en jet privé pour rejoindre Oyo et son aéroport international tout aussi privé (quasi réservé à l’usage personnel du dictateur ou de son armement) ; les investissements démentiels dans le petit village de pêcheurs, dont est originaire l’autocrate, pour le transformer en un lieu de villégiature pour privilégiés en pleine forêt équatoriale. Pour cela, très sûrement, aurait renforcé l’intérêt de suivre l’échange entre Denis Sassou Nguesso et Marc Perelman, Journaliste-Editeur à France24.

Pourtant, les questions de ce dernier avaient beaucoup de sens, et bien ciblées. Imperturbablement l’imposteur en chef niait tout en bloc. Systématiquement, il a répondu par la négative à toutes les affirmations, bien plus que des questions, de l’envoyé spécial de France24. Pas de crise postélectorale, pas d’élections truquées ; pas de problème sécuritaire et pas de crimes humanitaires dans le Pool, rien que des bandits profitant d’une « guerre asymétrique » ; pas d’exactions dénoncées par le Département d’Etat américain (qu’il s’est bien gardé de traiter de menteur !) ; pas d’opposants politiques emprisonnés rien que des coupables de droit commun ; pas de black-out des réseaux de communication en période d’élection ; pas de fraude et pas de détournement financier de la part de ses proches. Rien qu’une volonté de nuire (à son encontre) ; une cabale, presque menaçant, lorsqu’il a été question d’une prochaine inculpation de son fils, Denis Christel, par les Juges en charge de l’affaire des Bien Mal Acquis ; et sur le tard devenu croyant, il s’en remet par trois fois à Dieu s’agissant de la fin de son mandat « qui lui a été confié par le peuple congolais !» (Sic)

Il faut se faire violence pour tenir jusqu’au bout de cet exercice de mauvaise foi ! Vingt minutes de supplice supplémentaire qui viennent s’ajouter aux  bientôt vingt années de son insupportable tyrannie … ! Sassou Nguesso affichait sa satisfaction de n’avoir rien concédé ni reconnu. Quant aux spectateurs et aux observateurs, ils auront tous compris qu’avec lui toute discussion et tout dialogue sont impossibles !

En ces derniers points, l’interview de Marc Perelman a été utile. Sinon, il pourrait toujours faire un reportage sur les policiers du quartier de la Défense, près de Paris, qui interviennent lorsque des Congolais vont manifester dans le hall d’entrée de la Tour TOTAL. Après des contrôles d’identité très courtois, pour la forme sans le moindre reproche, certains fonctionnaires leur font discrètement la confidence qu’ils savent, pour tout ce qui touche aux affaires du Congo, que « beaucoup de dirigeants français ont été corrompus » pour que le système, qui les enrichit, perdure. Egalement, des employés de la compagnie pétrolière, tout aussi discrètement, rejoignent alors nos compatriotes pour dénoncer le comportement criminel de leur société en affirmant qu’ils s’attendent à ce qu’un jour prochain tout soit déballé, enfin, sur la place publique tout en les encourageant à poursuivre leurs actions.

Il suffirait de prendre le RER A pour faire une super enquête… Pas la peine d’aller à Oyo, capitale des mensonges et des non-dits. Et, n’est pas Emmanuel Macron qui veut pour contredire Sassou Nguesso comme ce fut le cas lors du débat avec  Marine Le Pen : « Vous dites des bêtises ! » Il ne reste plus qu’à espérer que le nouveau président français saura sortir de son actuelle sphère d’influence imprégnée d’un sérieux soupçon de Francafrique, dont il conviendrait de s’éloigner… Pour que l’Afrique à son tour, et sans trop tarder, soit elle aussi En Marche !

La Rédaction

Source: Congo-Liberty

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