Le président Denis Sassou NGUESSO ne peut pas nier la réalité manifeste de la crise politique au Congo-Brazzaville
Le président congolais Denis Sassou-Nguesso lors de son arrivée à Alger, le 27 mars 2017 / © STRINGER / AFP
Depuis l’élection présidentielle de 2016 et même bien avant lors du changement controversé de la constitution, il s’est installé un climat politique faisant prévaloir la loi du plus fort. Le président congolais a carrément nié les résultats de l’élection présidentielle 2016 que le Général Jean Marie Michel MOKOKO a brillamment remporté le premier tour avant d’être emprisonné pour cette raison.
Le clan au pouvoir a emprisonné et éparpillé toute l’équipe de campagne du vainqueur pour faire disparaître et faire oublier les vrais résultats de ces élections et faire taire en même temps la contestation, avec la complicité de certains membres de l’« opposition ».
Plusieurs hommes politiques sont poursuivis pour faits d’opinions. Certains ne sont pas de la société civile, c’est le cas d’un journaliste emprisonné pour avoir dit certaines vérités. Parallèlement un climat de guerre civile est instauré volontairement pour mieux créer les conditions de la conservation du pouvoir et interdire toute velléité de contestation. Ce serait semble-t-il la meilleure façon trouvée par le clan de rester le plus longtemps au pouvoir. Il envisage d’organiser également de fausses élections, avec la complicité de certains soutiens internationaux qui acceptent cet état de fait et l’encouragent à poursuivre dans ce sens, pour la défense d’intérêts communs.
Il existe bien une chasse aux sorcières organisée par les services de sécurité avec le soutien tacite ou explicite des institutions que le clan contrôle. Qu’il s’agisse d’opposants ou d’individus isolés depuis l’élection de 2016. Le Pasteur NTUMI et ses hommes, recherchés dans le Pool qualifiés de terroristes ne sont qu’un prétexte trouvé pour maintenir l’état de guerre. Pourtant ce sont les civils qui payent le lourd tribut avec la destruction de leurs biens et les nombreuses tueries. Est-ce un plan d’ensemble élaboré pour massacrer impunément et réduire les effectifs de la population de cette zone ?
Depuis le début de cette crise provoquée, le matériel de guerre le plus performant de l’armée congolaise est utilisé par les troupes d’élites qui peinent à venir à bout de la rébellion. Par exemple sont utilisés des hélicoptères de combat, des chars, des mortiers, des armes lourdes… Des bombardements intensifs sont opérés sans tenir compte des dégâts directs ou collatéraux sur les populations civiles, ainsi que sur leurs habitations et moyens de subsistance. L’État agit comme s’il n’était pas garant de leur sécurité. Même les organisations internationales comme l’ONU ou l’Union africaine (UA) se taisent et ne demandent pas de réels comptes, comptant sur le fait que d’ici là il aura sans doute tout réglé pour faire oublier.
Pourtant de nombreuses informations sont diffusées surtout en ligne. Que pensent-elles, sont-elles toutes fausses ou se sont-elles également rendues complices ? Des témoignages de personnes qui entouraient auparavant le président Denis Sassou NGUESSO et le quittent se multiplient, en dénonçant cet état de fait. Le clan Sassou a peur du dialogue inclusif pour ne pas rendre de comptes sur la gestion globale des affaires de la cité, car il sait qu’il s’est amusé abusivement avec les ressources de la nation, en les privatisant pour son compte, à son profit et ses soutiens.
Or pour sortir de la crise volontairement instaurée, il faut un dialogue qui inclut toute la classe politique et la société civile, comme le fait savoir Charles Zacharie BOWAO ou Joe Washington Ebina, afin de sortir la zone congolaise du Pool de la violence brute et ramener le Congo vers le chemin de la paix sociale. Mais le pouvoir en place force le jeu en prévoyant d’organiser de fausses élections législatives pour soi-disant « tourner la page », avec une fois de plus des résultats truqués à outrance.
« Nous sommes totalement outrés dans la mesure où nous ne comprenons pas pourquoi le président a une lecture différente de la réalité congolaise, explique Joe Washington Ebina rapporté par RFI. […] Comment peut-on avoir des élections pendant qu’il y a toute une région du pays qui est instable ? Cela veut dire que toute cette zone-là, elle ne sera pas considérée. Je crois que c’est une erreur grave. C’est une atteinte à toutes ces personnes qui sont meurtries et apeurées. Il faudrait vraiment dire la vérité à la population et trouver des solutions de paix », reprennent en cœur un certain nombre d’opposants.
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