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Amérique latine: arrière-cour de Washington ou région indépendante?

© AP Photo/ Douglas Engle

Pendant des décennies, l’Amérique latine a été une zone d’influence des Etats-Unis. Le 1er février, dans un discours prononcé à Austin, Rex Tillerson a mentionné la doctrine Monroe, qui détermine la politique du leadership américain dans cette région. L’occasion d’analyser le degré d’indépendance de cette partie du monde vis-à-vis de Washington.

Dans le discours qu’il a prononcé à Austin le 1er février, à la veille de sa tournée en Amérique latine, le secrétaire d’État des États-Unis, Rex Tillerson, a rappelé l’importance de la doctrine Monroe, adoptée en 1823, qui a formé la politique de Washington dans cette région depuis le XIXe siècle.

L’Amérique latine demeure-t-elle l’arrière-cour des États-Unis ou développe-t-elle son système régional indépendant d’eux. Pour répondre à cette question, une analyse des institutions internationales politiques et des projets d’intégration économique déterminant l’équilibre des forces dans cette région est nécessaire.

Institutions politiques

Depuis le milieu du XX siècle, l’organisation la plus importante réunissant la majorité des pays des deux Amériques a été l’Organisation des États américains (OEA) fondée en 1948 sous l’égide des États-Unis. Proclamant les principes de la démocratie, des droits de l’Homme, de la sécurité et du développement, l’OEA a servi les intérêts géopolitiques de Washington en Amérique latine. En 1962, la participation de Cuba à cette organisation a été suspendue. Les autres membres de l’OEA ont été obligés à rompre leurs relations diplomatiques avec la Havane.

© REUTERS/ Yuri Gripas
Organisation des États américains (OEA)

Le groupe de Rio, créé en 1986, est devenue une plateforme de dialogue politique et de consultations sur des questions qui intéressaient les États d’Amérique latine.

En 2010, lors du 23e sommet du groupe de Rio à Cancún, au Mexique, la fondation de la Communauté des États latino-américains et caraïbes (Celac) a été annoncée. Réunissant 33 pays de la région, la Celac peut être considérée comme une alternative à l’OEA. Cette organisation forme non seulement l’agenda du dialogue politique entre les États d’Amérique latine, mais renforce aussi leurs liens avec des pays et organisations d’autres régions, y compris avec l’Union européenne, la Russie et la Chine.

Projets d’intégration économique

En dehors de la coopération politique, l’intégration économique est intensivement développée en Amérique latine.

Le projet le plus avancé de ce type dans la région est le Marché commun du Sud (Mercosur), créé en 1991, qui réunit l’Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et le Venezuela. La participation de ce dernier est actuellement suspendue pour non respect des règles de cette organisation. Le processus d’adhésion de la Bolivie à cette organisation est en cours. Créé comme une zone de libre-échange, le Mercosur en est maintenant au stade de l’union douanière.

Les membres du Mercosur et de la Communauté andine (la Bolivie, la Colombie, l’Équateur et le Pérou) créée en 1969, et le Chili, le Guyana et le Suriname forment l’Union des nations sud-américaines (UNASUR) fondée en 2004. Cette organisation intergouvernementale a pour principal objectif de mener à bien l’intégration économique et politique à l’instar de l’Union européenne. Ce projet prévoit la création d’organes supranationaux, d’une monnaie commune et de la citoyenneté de l’UNASUR.

© AFP 2018 Rodrigo Buendia
Union des nations sud-américaines (UNASUR)

Si, dans le domaine politique, des structures internationales latino-américaines fonctionnent parallèlement à l’OEA créée par Washington, sur le plan économique, Washington n’a pas réussi à proposer quelque chose de similaire aux projets susmentionnés. Son idée de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA), annoncée en 1994, qui devait établir un régime commercial approprié aux deux continents américains, n’a pas dépassé l’étape des négociations. Au lieu de développer la ZLÉA, les États-Unis ont préféré établir des liens bilatéraux, tels que les accords de libre-échange avec le Chili et la Colombie.

De plus, la décision que Donald Trump a prise au début de l’année 2017 de sortir de l’accord de partenariat Trans-Pacifique saperait aussi la capacité des États-Unis d’exercer une influence économique sur les pays latino-américains, dont certains ont signé ce traité (le Chili, le Mexique et le Pérou).

L’intégration régionale permettrait aux Etats d’Amérique latine non seulement d’intensifier leurs échanges commerciaux mais aussi d’accélérer leur développement économique. La création de leurs propres structures de coopération politique et économique renforcerait l’indépendance de leur région face aux Etats-Unis.

Kirill Latypov

Source: Sputnik News – France

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