Pourquoi les investisseurs étrangers fuient les titres des Etats-Unis d’Amérique, se tournant vers l’or et les obligations chinoises

© AP Photo / Michael Probst
Les investisseurs étrangers se débarrassent des obligations des USA en 2018 tout en recherchant des valeurs sûres, face à l’instabilité engendrée par les sanctions de l’administration Trump contre l’Iran et la Russie et une guerre commerciale à part entière avec la Chine.
Washington lutte pour faire face à la croissance continue de la dette nationale, qui a atteint 21 000 milliards de dollars en mars 2018. Pour résoudre ce problème, le Trésor des Etats-Unis d’Amérique a augmenté ses remboursements trimestriels de 30 milliards de dollars et mis aux enchères un record de 26 milliards de dollars de billets à 10 ans le 8 août, après que son paquet d’obligations à 3 ans d’une valeur de 34 milliards de dollars eut vu une demande quelque peu modeste des investisseurs étrangers.
Les ‘frictions commerciales entre les États-Unis d’Amérique et la Chine ont apparemment limité l’appétit des investisseurs étrangers’ pour les bons du Trésor des Etats-Unis d’Amérique et les ont incités à rechercher des paradis plus sûrs au milieu de la tempête.
De plus, certains pays ont commencé à déverser des dettes des Etats-Unis d’Amérique depuis le début de 2018. Par exemple, la propriété russe d’obligations des USA a diminué de 84%, passant de 96,1 milliards de dollars en mars à 14,9 milliards de dollars en mai.
Pour sa part, la Turquie a réduit de moitié ses avoirs en bons du Trésor des Etats-Unis d’Amérique: en mai, ils s’élevaient à 32,6 milliards de dollars, tandis qu’en 2017, ils s’élevaient à 62 milliards de dollars.
Pendant ce temps, les avoirs de la Chine en obligations, billets et factures des Etats-Unis d’Amérique ont chuté de 5 800 milliards de dollars pour atteindre 1 180 milliards de dollars en avril; De même, le Japon, deuxième détenteur étranger de la dette des Etats-Unis d’Amérique après la Chine, a réduit ses avoirs de 1 230 milliards de dollars à 1 030 milliards de dollars, le plus bas depuis 2011, selon Bloomberg. Le Mexique, l’Inde et Taïwan ont emboîté le pas. En conséquence, en avril, la propriété étrangère des bons du Trésor des Etats-Unis d’Amérique est tombée à 6 170 milliards de dollars.
Les investisseurs japonais ont continué à se débarrasser des obligations des Etats-Unis d’Amérique en mai et en juin, réalisant respectivement des ventes nettes de 18,76 milliards de dollars et 4,09 milliards de dollars, dans l’attente de hausses continues des taux d’intérêt des USA, a rapporté Reuters le 8 août.
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Le Wall Street Journal a écrit le 9 août que, dans un brusque coup du sort, les acheteurs étrangers ont renforcé leurs avoirs en obligations chinoises, en dépit de l’affaiblissement du yuan et de la réduction de l’écart entre les taux d’intérêt chinois et états-uniens d’Amérique.
« La forte demande des Banques centrales était probablement un moteur important », a estimé le média. « Ces acheteurs détiennent du yuan dans le cadre de leurs réserves de change et peuvent examiner les mouvements de devises à court terme ».
Par ailleurs, les banques nationales continuent d’augmenter leurs achats d’or pour protéger leurs actifs dans un contexte d’instabilité économique mondiale. Ainsi, la Russie et la Chine augmentent leurs réserves de métal précieux à un rythme soutenu.
Selon la Banque centrale russe, les réserves d’or du pays ont atteint près de 2 000 tonnes en juin 2018, quadruplant depuis 2008 et représentant 17% des réserves de change totales de la Russie. Les Chinois font de même.
Le fort appétit des pays pour le métal jaune est dû non seulement aux sanctions imposées par l’administration Trump et à la vague de tarifs en cours, mais aussi à l’ordre financier mondial qui semble s’effondrer et aux problèmes économiques imminents des États-Unis d’Amérique.
Indépendamment des rapports optimistes sur la croissance de 4,1% du PIB des Etats-Unis d’Amérique en 2018 et des prévisions du 7 août de Donald Trump, qui pourraient même atteindre 5% au prochain trimestre, tout n’est pas rose dans le jardin de l’économie des Etats-Unis d’Amérique.
Selon le Congressional Budget Office (CBO) et le Bureau of Government Accountability des États-Unis d’Amérique (GAO), outre le renforcement de la dette nationale, le déficit fédéral du pays devrait atteindre 1 000 milliards de dollars d’ici 2020. Le ratio-GDP pourrait atteindre 106% d’ici 14 à 22 ans. Pour sa part, le Fonds monétaire international prévoit que le ratio de la dette des Etats-Unis d’Amérique rapporté au PIB atteindra déjà 116,9% d’ici 2023.
Un autre problème pour Washington est « l’endettement dans toute l’économie des Etats-Unis d’Amérique », a déclaré à Sputnik, en juillet 2018, le Dr Paul Craig Roberts, économiste états-unien d’Amérique, auteur et ancien secrétaire adjoint au Trésor pour la politique économique du président Ronald Reagan.
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Traduction : Jean de Dieu MOSSINGUE
Source : Sputnik News
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