E «Erdogan a-t-il intérêt à déclencher une guerre directe contre la Syrie», s’interroge Atwan
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Le président turc, Recep Tayyip Erdogan. ©Bloomberg
Selon Atwan, le contrôle d’une zone de sécurité au nord de la Syrie par la Turquie et les États-Unis signifiera « une occupation illégale » que Damas ne saura tolérer. « Erdogan a-t-il intérêt à déclencher une guerre directe contre la Syrie », s’interroge alors le journaliste arabe.
Dans l’éditorial du 9 août du journal Rai al-Youm, Abdel bari Atwan condamne les pourparlers entre les autorités turques et américaines au sujet de la création d’une zone de sécurité dans le Nord de la Syrie ; projet qui n’a pas obtenu au préalable l’accord de Damas ou de l’un de ses alliés. Atwan rappelle même que Damas a vivement condamné les pourparlers américano-turcs à Ankara, les considérant comme constitutifs d’une violation flagrante de la souveraineté syrienne.
L’éditorialiste de Rai al-Youm souligne que le gouvernement et l’armée syriens feront tout pour empêcher la réalisation de ce dessein d’Ankara et de Washington, d’autant plus qu’une majeure partie des gisements de pétrole et de gaz naturel du pays se trouve dans cette région où il y a aussi les terres arables les plus fertiles de la Syrie.
Abdel Bari Atwan met également en garde contre les conséquences négatives de la création de cette zone sous contrôle américano-turc.
Atwan écrit : « La Turquie ne pourra pas assurer sa sécurité nationale en occupant les territoires de ses voisins. Par contre, l’occupation du Nord syrien deviendra la source de très grandes menaces sécuritaires pour Ankara. La Syrie n’est pas un pays isolé comme il y a cent ans quand les Turcs confisquaient une grande partie de son territoire. Aujourd’hui, la Syrie fait partie d’une alliance régionale puissante et son armée a été assez forte pour libérer près de 80% du territoire après huit ans de guerre contre une confédération de terroristes venus de plus de 60 pays. »
Les forces américaines continuent d’envoyer des armes et des équipements militaires vers l’est et le nord-est de la Syrie.
La présence de plus de 3,5 millions de réfugiés syriens en Turquie est un fardeau réel pour le gouvernement turc et Abdel Bari Atwan estime que pour trouver une solution appropriée à ce problème, le président turc aurait intérêt à négocier et à coopérer pleinement avec Damas pour que le retour des réfugiés se fasse dans les meilleures conditions possibles.
« Erdogan est toujours prêt à négocier, dans le cadre des intérêts nationaux de son pays, avec les États-Unis, l’Union européenne, Israël ou la Russie, mais pour des raisons personnelles il ne veut absolument pas négocier avec la Syrie », écrit Atwan avant de déclarer qu’Ankara aurait probablement tort de croire que la création d’une zone de sécurité, en coordination avec les États-Unis, serait un remède à tous les maux de la Turquie.
L’éditorialiste de Rai al-Youm ajoute que la Turquie devrait également rester prudente et surveiller de près la réaction de Moscou quant à ce projet.
« L’une des options russes serait le déclenchement de la guerre contre les terroristes à Idlib ; ce qui pourrait diriger un grand afflux de nouveaux réfugiés vers le territoire turc », estime Atwan.
En conclusion, Abdel Bari Atwan estime que la meilleure option du gouvernement turc consiste à renforcer sa coopération sécuritaire avec Téhéran et Bagdad, à entamer des négociations avec la Syrie et à ne pas faire confiance aux Américains, ces deniers ayant trahi à plusieurs reprises la Turquie « en accordant leur soutien politique, financier et militaire sans faille aux Kurdes ».
« Or, la Syrie, l’Irak ou l’Iran n’ont jamais coopéré avec les forces qui s’opposent au gouvernement du président Erdogan », rappelle Atwan.
Les États-Unis et la Turquie viennent d’annoncer avoir créé leur zone tampon en Syrie. La riposte syrienne ne s’est fait attendre.
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