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La Russie envoie un signal fort aux Etats-Unis d’Amérique et à l’OTAN en déployant les S-300 en Syrie – Analyste

© Sputnik / Kirill Kallinikov

Le 2 octobre, les forces de défense russes ont achevé la livraison des composants de plusieurs systèmes de défense antiaérienne S-300 en Syrie. L’analyste politique Ghassan Kadi, qui a des racines en Syrie, a partagé ses vues avec Sputnik sur l’installation du système de défense antimissile et sur la manière dont il pourrait influencer le statu quo régional.

La décision de déployer des unités S-300 aura des résonances plus fortes sur la scène politique régionale et internationale que sur la scène militaire, estime le politologue Ghassan Kadi, soulignant que le plus grand changement dans les rapports de forces au Levant a été jusqu’à présent la présence russe, qui a véritablement débuté le 30 septembre 2015.

Commentant le mécontentement des Etats-Unis d’Amérique et d’Israël face à cette initiative, l’analyste a attiré l’attention sur le fait que la présence de la Russie en Syrie avait été autorisée par le gouvernement syrien reconnu à l’échelle internationale.

Les « partenaires occidentaux » de la Russie ne se sont pas entièrement conformés à leurs vœux

« Si le rôle de la Russie en Syrie avait rencontré un ‘problème’ avant le déploiement des S-300, le problème serait dû au fait que la Russie respecte le droit international et respecte les accords », a-t-il souligné.

Tandis que Moscou essayait de préserver le fragile équilibre des pouvoirs dans la région et maintenait des accords pour éviter la confrontation avec Israël et l’OTAN, il semble que ni l’un ni l’autre ne choisissent de respecter l’accord, a déclaré Kadi.

« Il y a eu de nombreuses violations de l’accord israélo-russe, toutes commises par Israël, mais cette fois-ci, avec la destruction de l’IL-20, et qui, selon la Russie, résultait de manœuvres israéliennes délibérées, la Russie dit qu’une ligne rouge a été franchie. C’est pourquoi je répète que le déploiement des S-300 est une décision politique dans la mesure où elle est militaire, sinon plus », a-t-il déclaré.

Le 2 octobre, le ministre russe de la Défense, Sergei Shoigu, a annoncé que Moscou avait finalisé la livraison de 49 composants des systèmes de défense antiaérienne S-300 en Syrie. La décision de renforcer les défenses aériennes syriennes a été prise peu après la chute accidentelle d’un avion russe Il-20 par les défenses aériennes syriennes S-200 le 17 septembre, à la suite d’un raid aérien israélien. Les 15 militaires à bord de l’avion ont été tués. Le ministère russe de la Défense a accusé l’armée de l’air israélienne d’utiliser l’Il-20 comme « bouclier » et de ne pas informer les forces armées russes de la frappe dans les meilleurs délais. Israël a répondu en démentant catégoriquement les allégations.

Les avions de combat furtifs des Etats-Unis d’Amérique ne posent pas de défi aux défenses anti-aériennes syriennes

Dans le même temps, des rapports ont émergé suggérant que l’armée de l’air des Etats-Unis d’Amérique pourrait déployer de plus en plus de chasseurs furtifs F-22 et de Vipers F-16CJ, conçus pour supprimer et détruire les défenses anti-aériennes ennemies en Syrie, en réponse à la livraison d’unités S-300 dans ce pays déchiré par la guerre. Selon Kadi, ce mouvement potentiel ne constitue pas un défi majeur pour les défenses anti-aériennes syriennes ou russes.

« Je ne suis pas un expert militaire et je ne peux pas répondre techniquement à cette question. Mais même si les armes des Etats-Unis d’Amérique que vous avez mentionnées peuvent  ‘battre’ les S-300, selon le ministre russe de la Défense, Shoigu, la mise à niveau des systèmes de défense antiaérienne en Syrie n’est pas limitée seulement aux S-300, qui est composé des systèmes automatisés de gestion de la défense aérienne ainsi que des dispositifs de brouillage des communications qui désactivent la navigation par satellite », a souligné l’analyste politique.

Faisant référence au discours prononcé le 1er mars 2018 à l’ONU par Vladimir Poutine, il a qualifié le message de « message clair et fort adressé à l’OTAN » selon lequel « les capacités militaires de la Russie sont sans égales ».

Dans le même temps, Kadi ne voit « aucune possibilité d’escalade directe entre l’OTAN et la Russie; ni en Syrie et ni ailleurs (d’autre) non plus ».

« Avec toute la tourmente actuelle et l’étau économique imposé à l’Amérique par sa dette, si un tel affrontement devait s’ensuivre, le moment pour ceci n’est pas encore arrivé », a-t-il déclaré.

Kadi a suggéré que les S-400 installés auparavant sur la base aérienne de Hmeimim en Syrie étaient largement utilisés comme moyen de dissuasion. Il semble à présent que la Russie ait pris la décision politique d’utiliser des unités S-300 et S-400 pour protéger la Syrie des intrus, a-t-il déclaré.

« La décision de la Russie de déployer les S-300 en Syrie et d’en parler ouvertement, avec véhémence et de manière répétée, est hors de propos et modus operandi russe. Mais encore et encore, le déploiement, les raisons qui le sous-tendent et la manière dont il a été annoncé, est une décision politique prise par la Russie de dire à l’OTAN et à Israël que cela suffit, que la Russie s’est efforcée de respecter les accords et le droit international, mais que ses « partenaires occidentaux » n’ont pas adhéré à leur partie de l’accord », a conclu analyste.

Ekaterina Blinova

Les points de vue et opinions exprimés par les contributeurs ne reflètent pas nécessairement ceux de Sputnik.

Traduction : MIRASTNEWS

Source : Sputnik News

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